Cancer de la thyroïde
Foire aux questions
Nodules
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Les causes exactes expliquant l’apparition des nodules, ou excroissances à point de départ de la thyroïde, ne sont pas encore complètement comprises. On sait, par exemple, que les nodules surviennent lorsqu’un signal de croissance à l’intérieur de la cellule thyroïdienne est déréglé et ne répond pas aux mécanismes de contrôle habituels. La production d’hormones thyroïdiennes et la croissance ne sont pas sous le même contrôle ce qui explique qu’on peut avoir une dissociation entre la fonction de la thyroïde et sa croissance. Les nodules ont parfois une cause génétique, c’est-à-dire que les personnes qui les développent ont une prédisposition dans leur bagage de gènes dès la naissance. Il y a aussi une prédisposition héréditaire familiale. L’exposition à certains facteurs dans l’environnement, comme des polluants ou la radioactivité, peut aussi en augmenter la fréquence. Le tabac augmente aussi le risque de développer un nodule thyroïdien.
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La découverte d'un nodule thyroïdien chez une personne qui ne présente aucun symptôme est chose fréquente. La plupart des nodules ou bosses dans la thyroïde, sont découverts par hasard lors d’un bilan de santé ou des examens en radiologie.
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Parce qu'un certain nombre de ces nodules sont des cancers. On estime qu’environ 5 à 10 % de ces nodules sont des cancers. Le travail du médecin consiste à identifier les nodules malins, autrement dit, cancéreux, pour établir un traitement approprié et reconnaître les nodules bénins pour éviter une chirurgie inutile.
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La biopsie à l'aiguille du nodule ou de la bosse est le moyen le plus fiable, le plus efficace et le moins couteux pour établir la nature bénigne ou maligne d'un nodule thyroïdien. Il s'agit d'une technique simple au cours de laquelle le nodule est ponctionné à l'aide d'une aiguille de petit diamètre. Avec la ponction, on tente de retirer l'équivalent d'une à deux gouttes de sang que l’on étend sur une lame de verre. Puis la lame est rapidement traitée pour préserver les cellules. On retrouvera sur ces lames plusieurs groupes de cellules qui seront examinés par un cytologiste et un pathologiste. Les résultats sont le plus souvent concluants.
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Si le nodule est bénin, il n'y a aucune intervention nécessaire, à moins que le nodule soit gros et qu’il nuise en exerçant une pression sur l’œsophage ou la trachée. Un suivi sera fait avec l’examen périodique chez le médecin pour palper le cou et une réévaluation par échographie. Lorsque le nodule mesure plus de 1 cm, on répètera l’échographie de douze à dix-huit mois plus tard pour voir s’il a grossi. Si le nodule est stable, l’intervalle de surveillance échographique va s’allonger et l’échographie sera refaite trois à cinq ans plus tard selon la taille du nodule.
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Pour certains nodules on va noter des anomalies ou atypies qui ne sont pas assez nombreuses pour poser un diagnostic de tumeur. Une reprise de la biopsie sera faite pour la majorité de ces cas afin d’obtenir de l’information additionnelle.
Il est aussi possible que le pathologiste indique qu'il s'agit d'une tumeur, mais il est incapable de dire si cette tumeur est bénigne ou maligne. Dans cette circonstance, les statistiques indiquent qu'environ 30 % de ces nodules sont malins. Une résection chirurgicale du lobe thyroïdien où se trouve le nodule est un choix possible. Il peut arriver que devant un résultat incertain, un individu choisisse d'attendre et préfère que l'on surveille au lieu de subir une intervention chirurgicale. La surveillance implique une échographie du cou périodiquement pour évaluer s’il y a une croissance de volume ou l'apparition de ganglions au niveau du cou. Si la croissance est significative ou des ganglions apparaissent, une réévaluation par biopsie et/ou une chirurgie peuvent être envisagées.
Dans certains cas, le pathologiste, incapable d'affirmer qu'il s'agit d'un cancer, qualifiera la biopsie de « suspecte ». De ce groupe, près de la 60 à 75 % des nodules seront effectivement des cancers. Une intervention chirurgicale est indiquée pour tous ces nodules.
Il y a aussi des nodules où la biopsie, malgré plusieurs essais, ne permet pas d'obtenir suffisamment de cellules thyroïdiennes pour qu'un diagnostic puisse être posé. Ce dernier groupe représente environ 10 % des biopsies. Pour diminuer ce pourcentage, on fait de plus en plus de biopsies sous échographie. Certains nodules par exemple sont mixtes, c'est-à-dire qu'il y a une portion solide et une portion liquide. Puisqu'il faut que l'aiguille pénètre la portion solide, un guidage par échographie est très utile. Le guidage sera aussi utile si le nodule est petit ou situé à l'arrière de la thyroïde.
Diagnostic du cancer
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Le cancer de la thyroïde est un cancer peu fréquent si on le compare au cancer du poumon, du sein ou du côlon. Son pronostic à long terme est excellent avec des taux de survie dépassant les 90 %. Pour des raisons encore mal comprises, la fréquence augmente lentement mais sûrement depuis plusieurs années. On pense que les nombreux examens radiologiques permettent un dépistage plus précoce qu'avant. Il n’est pas impossible non plus que des toxiques comme des éléments polluants ou de la radioactivité puissent avoir contribué à avoir augmenté son incidence. Les statistiques de cancer canadiennes de 2015 indiquent une croissance depuis 2001 de 6,3 % par année pour les hommes et une augmentation entre 2005 et 2010 de 4,4 % par année chez les femmes.
Le cancer de la thyroïde a un excellent pronostic. Moins la maladie est étendue au moment du diagnostic, plus les chances de guérison sont grandes. Même les patients avec des maladies avancées ont des survies à long terme très importantes. Le cancer papillaire a un meilleur pronostic que le cancer folliculaire. Jusqu’à 20 à 30 % des cancers de la thyroïde auront des rechutes, surtout dans les ganglions du cou. La survie à long terme reste néanmoins excellente.
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Il existe plusieurs types de cancer de la thyroïde.
Les cancers provenant des cellules folliculaires de la thyroïde sont connus sous le nom de cancers bien différenciés de la thyroïde et comprennent le cancer papillaire et le cancer folliculaire. Les cellules folliculaires sont celles qui sont responsables de la production d’hormones, mais dans le cas des cancers la production d’hormones est généralement dans les limites de la normale. Il s’agit plus d’un problème de croissance non contrôlée que de production anormale d’hormones.
Le cancer papillaire est ainsi nommé, car on voit des structures en forme de papilles ou des structures en forme de « doigts » lorsqu’on regarde les cellules au microscope. Ce type de cancer est le plus fréquent des cancers de la thyroïde, expliquant 90 % des cas.
Le cancer papillaire est souvent multifocal c'est-à-dire qu’il est présent à plusieurs endroits dans la thyroïde. Une dissémination dans les ganglions du cou, appelées « métastases locales ou régionales » peuvent être présentes et leur fréquence augmente avec la taille du cancer thyroïdien. Des variantes de cancer papillaire avec un moins bonne évolution à long terme, ont été identifiées : le type sclérosant diffus et insulaire sont souvent plus étendus et présentent des rechutes fréquentes. Les variantes à cellules hautes ou cylindriques ont aussi un pronostic plus grave.
Le cancer folliculaire diffère du cancer papillaire par le fait qu’il est souvent unifocal c'est-à-dire qu’il n’y a qu’un seul endroit dans la thyroïde ou le cancer est retrouvé. Les métastases dans les ganglions du cou sont peu fréquentes, on les retrouve plutôt au niveau des poumons et des os.
Le cancer de type Hürthle est un sous-type de cancer différencié de la thyroïde qui a un pronostic plus sombre, car il répond moins bien aux traitements à l’iode radioactif.
Le cancer médullaire de la thyroïde est un cancer peu fréquent, il représente seulement 5 à 10 % de tous les cancers de la thyroïde. Il provient des cellules C de la thyroïde qui ne participent pas à la production des hormones thyroïdiennes. Elles produisent leur propre hormone, la calcitonine, qui n’a pas de rôle important chez l’humain. Comme pour les cancers différenciés de la thyroïde, les cancers médullaires n’entraînent généralement pas des problèmes hormonaux. Le taux de calcitonine dans le sang est augmenté, mais des symptômes sont présents seulement lorsque ce taux est très élevé. Des nodules sont retrouvés au sein de la glande thyroïde. Environ les trois quarts de ces cancers sont ce qu’on appelle des cancers sporadiques, non transmissibles aux générations futures. L’autre 25 % sont la manifestation d’une maladie héréditaire connue sous le nom de néoplasie endocrinienne multiple de type 2.
Le cancer anaplasique est un cancer avec un mauvais pronostic. Il provient de la thyroïde, mais les cellules, très anormales, ont perdu leur ressemblance aux cellules thyroïdiennes. Ce type de cancer progresse rapidement et répond très mal aux traitements usuels.
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La classification TNM est un langage utilisé par les médecins pour décrire l’étendue de la tumeur. Le « T » fait référence à la taille de la tumeur, le « N » fait référence aux ganglions (propagation de la tumeur dans les ganglions lymphatiques) et « M » fait référence à la propagation du cancer vers les organes éloignés (métastases à distance). Les stades sont par la suite déterminés selon les différentes combinaisons de T , N et M. Pour le cancer de la thyroïde l’âge est important pour établir les stades. Ainsi, pour les patients de moins de 45 ans, tout le monde est considéré stade I à moins de présenter avec des métastases à distance ce qui change le stade pour II. Ce type de classification a été établi pour tous les types de cancer, mais elle est moins utile pour établir le pronostic du cancer de la thyroïde. Des systèmes alternatifs, proposés par les sociétés de médecins, sont souvent utilisés, de concert avec la classification TNM, pour établir le risque de récidive et la réponse au traitement.
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Le cancer différencié de la thyroïde isolé n’est pas considéré un cancer héréditaire. Environ 5 à 10 % des patients vont néanmoins avoir une histoire familiale positive, c’est-à-dire que plusieurs membres de la famille auront le même problème. Les changements génétiques, au niveau du code d’ADN, responsables de ce phénomène, n’ont pas encore identifiés. Dans le cas des familles dont plusieurs membres ont des cancers de la thyroïde de type papillaire ou folliculaire, le dépistage par des échographies et l’examen de la thyroïde est recommandé.
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Il est relativement fréquent d’observer des ganglions envahis par le cancer pour le cancer papillaire. Dépendamment de leur taille et de leur étendue, ils peuvent avoir un impact négatif sur la survenue des récidives et, dans certains cas, sur la survie. En présence des ganglions envahis par le cancer le traitement peut également être plus étendu et inclure des chirurgies plus extensives et l’administration de traitement d’iode radioactif.
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Il est très peu probable que le cancer de la thyroïde que vous avez soit relié aux radiographies passées, notamment chez le dentiste. En général la quantité de radiation qui est reçue suite à des radiographies n’est pas assez grande pour causer un cancer de la thyroïde.
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Ce n’est pas le cancer en soi qui affaiblit le système immunitaire, mais les traitements de type chimiothérapie qu’on utilise pour traiter le cancer qui peuvent avoir un impact négatif. Un système immunitaire affaibli peut jouer un rôle dans la surveillance que notre corps fait pour s’assurer que des cellules cancéreuses ne se développent pas. D’ailleurs, des traitements pour certains cancers consistent à programmer le système immunitaire pour lutter contre le cancer.
Traitements
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La première étape dans le traitement du cancer de la thyroïde est la chirurgie pour enlever la thyroïde. Cette opération est connue aussi sous le nom de thyroïdectomie. Lorsque le diagnostic de cancer est connu avant la chirurgie, on enlève la thyroïde au complet. Ceci s’appelle une « thyroïdectomie totale ». Dans certains cas, lorsque le cancer est très petit, on pourrait limiter la chirurgie à une partie de la thyroïde seulement. Si ceci s’applique à votre cas, votre médecin en discutera avec vous pour prendre la meilleure décision.
Si on identifie des ganglions suspects dans le cou, ceux-ci seront également enlevés. Le pathologiste pourra ainsi établir avec précision l’étendue de la maladie. Il est souhaitable que la chirurgie de la thyroïde soit faite dans des centres spécialisés par des chirurgiens qui en font plusieurs par année afin de diminuer au maximum les complications possibles tout en enlevant le maximum de tumeur.
Certains patients recevront de l’iode radioactif après la chirurgie. Les cellules de la thyroïde sont capables de capter l’iode et de l’incorporer dans les hormones thyroïdiennes. En utilisant l’iode radioactif, des cellules thyroïdiennes cancéreuses qui n’ont possiblement pas été identifiées lors de la chirurgie pourraient être détruites et contribuer à diminuer le risque de récidive localement dans le cou. Ce traitement est offert à ceux qui ont un risque de récidive justifiant des traitements additionnels
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Le traitement avec l’iode radioactif peut causer de la nausée, des vomissements, de la fatigue et une douleur dans la bouche pendant le traitement. Certains vont présenter une perte de goût transitoire, une bouche sèche et des yeux qui larmoient. Ces effets secondaires peuvent habituellement être soignés et sont généralement temporaires. On recommande également de ne pas envisager des grossesses dans les 6-12 mois après un traitement à l’iode radioactif pour le cancer de la thyroïde.
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Les cancers de la thyroïde surviennent surtout autour de la quarantaine, mais aussi chez les femmes plus jeunes soit celles entre 20 et 40 ans. Il n’est donc pas rare que la famille ne soit pas complétée lors du diagnostic et du traitement du cancer de la thyroïde. Plusieurs choses sont à considérer pour les grossesses chez les femmes avec antécédents de cancer de la thyroïde. Il faut considérer l’impact du cancer et de son traitement sur les chances de grossesse ultérieure et l’impact de la grossesse sur le cancer. Les évidences sont rassurantes pour la fertilité. Un impact négatif significatif n’a pas été observé avec les doses habituelles qui sont utilisées pour le traitement du cancer de la thyroïde. Ceci est aussi vrai pour les hommes ayant eu des traitements similaires. On recommande aux femmes d’attendre au moins 6 mois après le traitement avec l’iode radioactif avant de devenir enceintes pour éviter tout effet néfaste de la radioactivité sur le fœtus. Durant la grossesse les niveaux d’oestrogènes, hormones féminines, sont très élevés. Plusieurs études suggèrent que les oestrogènes favorisent la croissance des cellules thyroïdiennes, mais l’impact véritable de ces hormones sur les rechutes de cancer de la thyroïde ne semble pas inquiétant.
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L’iode radioactif est éliminé par votre corps dans les jours qui suivent le traitement surtout par l’urine, les selles, la salive et la transpiration. Certaines précautions sont à prendre dans les jours qui suivent le traitement afin de protéger les membres de votre famille et votre entourage. Des conseils simples vous seront communiqués lors de votre traitement pour diminuer les risques pour les autres. Des contacts rapprochés, le partage des objets tels la vaisselle et la brosse à dents, la proximité avec les femmes enceintes et les jeunes enfants sont déconseillés pour quelques jours après le traitement.
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L’idée est d’augmenter l’appétit de la thyroïde, ou le peu qui en reste, pour l’iode. Le test ou le traitement qui est fait en médecine nucléaire utilise l’iode radioactif. Si la thyroïde est remplie d’iode par la consommation usuelle, elle sera peu avide de capter l’iode radioactif. Au contraire, si on l’a privée de son substrat principal pour qu’elle puisse exercer sa fonction, la captation de l’iode radioactif n’en sera que maximisée.
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La tendance actuelle est d’utiliser la dose minimale d’iode radioactif pour atteindre l’objectif, soit détruire tout tissu thyroïdien restant, normal ou cancéreux. Si on désire faire l’ablation du tissu thyroïdien résiduel normal, des doses de 30-50 mCi d’iode radioactif semblent être suffisantes. En présence de métastases dans les ganglions du cou lors de la chirurgie initiale, la dose d’iode sera plus élevée : 100 à 200 mCi d’iode radioactif. Les avantages d’un traitement à l’iode radioactif sont plus importants si le niveau de risque de maladie résiduelle ou récidive est plus grand. Pour les patients à faible risque, les bénéfices escomptés de ce type de traitement peuvent ne pas justifier son emploi. Ainsi, pour des cancers plus petits que 1 cm avec une apparence histologique classique, sans métastases dans les ganglions et sans envahissement des vaisseaux et des structures avoisinantes il n’est généralement pas recommandé de donner un traitement avec l’iode radioactif.
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Pour capter l’iode, les cellules thyroïdiennes restantes ou les cellules cancéreuses doivent être stimulées par un niveau adéquat de TSH. Sans une TSH élevée, l’iode ne sera pas capté, mais juste éliminé plus vite dans l’urine et dans les selles. Pour obtenir un niveau de TSH élevé, on peut retarder le remplacement avec les hormones thyroïdiennes, ce qui induira une hypothyroïdie, manque d’hormones thyroïdiennes, et augmentera la TSH. L’autre manière d’augmenter la valeur de la TSH dans le sang est en donnant deux injections intramusculaires de TSH recombinante ou fabriquée en laboratoire qui est appelée Thyrogen®.
Opérations
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Vous allez avoir une cicatrice située à la base du cou. Cette cicatrice peut être plus longue si on a dû enlever des ganglions du cou en même temps que la thyroïde. La cicatrice sera rouge et plus épaisse au début, mais va devenir plus mince et plus pâle avec le temps (cf. fiche sur thyroidectomie)
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Dans la plupart des cas, l’individu est hospitalisé pour 1 à 3 jours afin de s’assurer qu’il n’y a pas de complication telle une baisse du calcium dans le sang. Si le calcium chute, les symptômes ressentis le plus fréquemment sont des fourmillements autour de la bouche, aux mains et aux pieds. Certains centres offrent la chirurgie de la thyroïde comme chirurgie d’un jour et ont mis en place des systèmes pour pouvoir surveiller le taux de calcium alors que le patient n’est plus hospitalisé. Le retour au travail se fait pour la plupart du temps entre 2 et 4 semaines après la chirurgie.
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Après la chirurgie il peut avoir des changements transitoires de la voix, mais ceux-ci disparaissent généralement en quelques semaines ou quelques mois. Ils sont dû à un gonflement du larynx ou des cordes vocales suite à l’intubation ou parce que le nerf récurrent laryngé, qui fait bouger les cordes vocales, a été endommagé. Les complications permanentes de la chirurgie thyroïdiennes sont rares, en général moins de 2 à 5 cas sur cent.
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Jusqu’à 30 % des patients vont avoir une baisse transitoire du calcium après la chirurgie nécessitant la prise de suppléments de calcium pour des périodes allant de quelques jours à quelques mois, heureusement, ceci ne sera pas permanent que dans 2 à 3 % des cas.
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Après la chirurgie vous serez revu par le chirurgien pour évaluer la guérison de la plaie, vous donner les résultats de l’analyse pathologique et planifier les autres traitements, de concert avec votre endocrinologue. Votre endocrinologue veillera à ce que votre remplacement avec la thyroxine est adéquat et fera un plan de suivi au long cours avec vous.
Substitution hormonale
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On connaît les doses moyennes que les patients ont besoin pour remplacer le fonctionnement de la thyroïde, mais chaque personne est unique et le délai pour obtenir le bon dosage d’hormones peut varier. Lorsqu’on commence la thyroxine ou qu’on change la dose, il faut attendre 5 à 6 semaines pour voir son effet. Il est important de standardiser le plus possible la prise du médicament pour ne pas avoir d’interférence de son absorption par la nourriture ou par les suppléments de calcium ou de fer que certains prennent.
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Tout à fait. Le traitement qui est donné sous forme de thyroxine ressemble en tous points à l’hormone produite par la thyroïde. La thyroxine est convertie dans notre organisme en hormone active par une machinerie complexe qui n’est pas influencée par l’absence de thyroïde.
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Les patients avec cancer de la thyroïde nécessitent après la chirurgie un remplacement de leurs hormones thyroïdiennes qui se fait avec la thyroxine. Les doses de thyroxine qui sont données aux patients avec cancer sont en général plus grandes que celles utilisées pour les patients avec une hypothyroïdie. La dose moyenne chez les patients avec cancer varie de 2 à 2,5 microgrammes de thyroxine pour chaque kilogramme de poids comparativement à 1,7 microgramme par kilogramme chez les hypothyroïdiens. Comme pour les patients hypothyroïdiens, l’ajustement se fera en suivant le niveau de TSH dans le sang. On vise des valeurs de TSH souvent plus basses que la limite inférieure de la normale ou proches de cette limite, car des valeurs de TSH plus élevées peuvent favoriser la croissance de cellules thyroïdiennes cancéreuses. Avec le temps, la valeur de TSH idéale pour un patient avec cancer est déterminée selon son risque de récidive ou de rechute, établi à partir du type de cancer et de son évolution.
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Il n’y a aucune preuve que des traitements naturels fonctionnent pour le traitement du cancer de la thyroïde ou pour remplacer les traitements avec thyroxine qui doivent être pris après une chirurgie de la thyroïde.
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Le cancer de la thyroïde est différent des autres cancers parce que les récidives peuvent survenir plusieurs années après le traitement initial. Il n’y a donc pas de période bien établie pour parler de rémission. Par contre, le cancer de la thyroïde a souvent un excellent pronostic de survie. Les trouvailles pathologiques lors de la chirurgie initiale ainsi que les résultats des échographies de suivi et du dosage sanguin de la thyroglobuline nous aident à cibler ceux qui sont susceptibles de récidive. Pour le cancer papillaire de la thyroïde, jusqu’à 30 % des patients vont avoir des récidives dans les ganglions lymphatiques du cou et la plupart de ces métastases vont être détectées dans les premiers 5 ans après la chirurgie.
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Le suivi est variable selon le type de cancer qui a été identifié et des traitements reçus. Le suivi le plus usuel est de voir son endocrinologue tous les 6 mois au début puis de le voir annuellement.
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La thyroglobuline est une substance qui n’est fabriquée que par la thyroïde. Elle l’utilise comme échafaud pour construire les hormones thyroïdiennes. On peut mesurer la thyroglobuline dans le sang. Son utilité principale est dans le suivi des cancers thyroïdiens après la chirurgie et le traitement avec l’iode radioactif. Après avoir détruit complètement les cellules thyroïdiennes, les niveaux de thyroglobuline devraient être très bas sinon absents. Si les niveaux dans le sang demeurent élevés après ces interventions, une récidive ou une persistance du cancer est suspectée.
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Le cancer de la thyroïde se comporte différemment de la plupart des cancers. Avoir des métastases signifie que la maladie s'est dispersée ailleurs dans le corps. Avec le cancer de la thyroïde, il n'est pas rare de voir des métastases dans les ganglions du cou, ce qui ne signifie pas que la maladie progresse rapidement ni que la vie soit en danger.
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Le site le plus fréquent de récidive pour le cancer papillaire est au niveau des ganglions du cou, alors que le cancer folliculaire a plus de chances de donner des métastases dans d’autres organes du corps. Le poumon, les os et le foie sont des sites de métastases du cancer de la thyroïde, mais ces situations sont très rares.
La surveillance des récidives combine l’examen du cou, les dosages sanguins et des tests d’imagerie. Dans le sang on surveillera les taux de thyroglobuline, produite exclusivement par les cellules d’origine thyroïdienne, y compris celles des cancers différenciés. Sa présence dans le sang nous permet de suspecter la présence de ces cellules. En principe, suite à une chirurgie thyroïdienne et un traitement à l’iode radioactif, les taux de thyroglobuline seront indétectables. Si on en retrouve dans le sang, il faut s’inquiéter.
Certaines personnes vont présenter des anticorps contre la thyroglobuline ce qui rend l’interprétation des dosages de thyroglobuline difficile. Chez ces personnes on va suivre surtout la tendance des niveaux de thyroglobuline et des anticorps. Des taux d’anticorps qui diminuent améliorent le pronostic.
La thyroglobuline sera dosée de routine alors que le patient prend de la thyroxine. Pour un dépistage encore plus précoce des récidives, on fera, chez certains patients, une mesure dans le sang lors que la TSH est élevée, soit après l’administration de TSH recombinante (Thyrogen®) ou le retrait du remplacement hormonal. On appelle celle-ci la thyroglobuline stimulée.
L’échographie représente le test radiologique de choix pour évaluer les récidives de cancer de la thyroïde au niveau du cou ou des ganglions du cou. Une échographie est réalisée 6 à 12 mois après la chirurgie puis périodiquement selon l’évolution et le risque de récidive de chaque individu. D’autres tests qui peuvent être utiles dans le suivi des patients avec cancer de la thyroïde, et particulièrement lorsqu’on craint des récidives, sont les tomodensitométries ou « scanner » du thorax ou de l’abdomen, les tomodensitométries par émission de positrons (TEP), et les scintigraphies. Ceux-ci nous permettent d’obtenir des images très détaillées des différentes parties du corps et fournissent des renseignements spécialisés sur leur métabolisme et la possibilité de récidive de cancer.
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Il n’y a pas d’intervention spécifique pour éviter des récidives. Prendre la thyroxine, prescrite après la chirurgie, contribue à diminuer les signaux de croissance pour des cellules thyroïdiennes qui auraient été manquées. La détection précoce des récidives est favorisée par l'observance au suivi demandé par votre endocrinologue.
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L’annonce d’un cancer est bien souvent un sujet délicat à aborder avec votre entourage, mais en parler à vos proches pourra vous permettre d’avoir le soutien nécessaire pendant cette période difficile. Il est important de le faire à votre rythme et d’essayer de respecter également le rythme de vos proches. Vous pourriez avoir besoin d’aide ou d’accompagnement pour cette annonce. N’hésitez pas à demander à rencontrer un psychologue de votre équipe au besoin. Une fiche santé CHUM a également été conçue afin de vous aider à aborder la maladie plus spécifiquement avec les enfants (Comment parler à mon enfant et l'accompagner après mon diagnostic de cancer).
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Il est important de se rappeler que le cancer est une maladie dont les causes sont multifactorielles. Aucune étude ne montre de lien de cause à effet entre le cancer et le stress. Parfois, dans le cas de maladies auto-immunes, le stress peut être l’élément déclencheur (et non la cause) de la maladie thyroïdienne. Par ailleurs, le stress peut faire en sorte que l'on adopte des habitudes de vie néfastes pour la santé. Également, l’épreuve d’un cancer peut causer beaucoup de stress. Si vous en sentez le besoin, un/une psychologue peut vous aider à développer une saine gestion du stress afin de minimiser son impact dans votre vie.
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De nombreuses ressources sont disponibles pour les patients atteints de cancer. Une liste a été dressée dans la fiche santé CHUM suivante : Services de soutien pour les personnes atteintes d’un cancer de la thyroïde et leurs proches. N’hésitez pas à demander à votre infirmière ou votre médecin pour une consultation à l’hôpital avec un des psychologues qui travaille en oncologie puisqu'il fait partie de votre équipe soignante ! Il est aussi possible de consulter à l’extérieur de l'hôpital soit en bureau privé (voir le site web de l’Ordre des Psychologues du Québec, au ou les appeler au 514 738-1881 pour une référence) ou encore au CLSC de votre quartier.