Découvrir la régularité dans l’hétérogénéité

3 min
Dre Nadine Taleb

« Je suis là où j’ai toujours voulu être! » Voilà qui résume parfaitement la passion de la Dre Nadine Taleb pour ses recherches sur les formes de diabète aux phénotypes atypiques qu’elle mène au Centre d’expertise en diabète du CHUM. Cette ressource à la fine pointe de la technologie vise à prévenir la maladie et à améliorer les soins aux personnes qui en sont atteintes.

Après ses études en médecine, la Dre Taleb s’est spécialisée en endocrinologie à l’American University of Beirut, au Liban, sa terre natale. Vivement intéressée par la recherche, c’est l’épidémiologie du diabète qui pique sa curiosité en raison de sa complexité et de son hétérogénéité. 

 J’aime les hormones, je suis fascinée par le fait qu’elles voyagent partout dans le corps et affectent plusieurs organes, résume-t-elle. 

Ses aspirations l’amènent au Québec, en compagnie de son conjoint, où elle rencontre le Dr Constantin Polychronakos, pédiatre-endocrinologue et chercheur au CUSM, avec qui elle fera un fellowship menant rien de moins qu’à la découverte d’un gène lié au diabète. Constatant qu’elle préfère la recherche clinique, elle effectuera plus tard un doctorat à l’IRCM sur le rôle de la technologie dans la gestion du diabète et de l’hypoglycémie. 

Les formes rares sous la loupe

Le riche parcours de la Dre Taleb lui permet de décrocher un poste de chercheuse clinicienne en mai 2022 au CRCHUM, où elle fait partie du Centre d’expertise en diabète avec la Dre Ariane Godbout, le Dr Vincent Poitout, Thierry Alquier et Guy Rutter. 

Ses recherches sont axées sur l’hétérogénéité du diabète, notamment les formes atypiques qui présentent des caractéristiques se déclinant entre celles du type 1 et du type 2, comme le LADA — latent autoimmune diabetes in adults. 

Comme son nom l’indique, cette forme de diabète survient à l’âge adulte et s’aggrave au fil des années, au fur et à mesure que le processus auto-immun impliqué détruit les cellules bêta du pancréas, responsables de la production d’insuline. Elle estime que le LADA pourrait représenter jusqu’à 10 % des cas de diabète. 

 J’aime l’hétérogénéité et les cas rares, car ils nous aident à comprendre les autres formes de diabète, explique-t-elle. 

Son objectif consiste à approfondir les connaissances sur le LADA en vue de mieux le diagnostiquer, à démystifier sa progression lente, à déterminer les facteurs favorisant son déclenchement et à établir un plan de traitement adapté qui améliorera la qualité de vie des personnes atteintes. 

Actuellement, il n’y a pas de directives claires pour le traitement du LADA, mais les molécules immunomodulatrices qui empêchent la destruction des cellules bêta s’avèrent une avenue prometteuse. Le volet clinique du programme de recherche inclut également l’optimisation de l’organisation des soins et de la trajectoire du patient.

Améliorer la qualité de vie

La Dre Taleb est aussi co-investigatrice au projet BETTER, qui, à partir d’un registre de 3500 personnes atteintes de diabète de type 1 (le premier répertoire de ce genre au Canada), vise à faire avancer la recherche pour améliorer la qualité de vie et les pratiques cliniques liées à cette maladie. 

L’analyse des données récoltées lui permettra en même temps de constituer une cohorte de volontaires atteints de LADA afin de mieux comprendre l’apparition de la maladie, et ultimement, d’effectuer des études randomisées pour évaluer l’efficacité de traitements.

Ayant toujours le patient en tête, elle a aussi mis en place, avec une équipe multidisciplinaire, une clinique pour jeunes adultes diabétiques (18-25 ans) qui requièrent du soutien pour prendre le relais de leurs parents dans la gestion de la maladie. 


Ce portrait est tiré de notre rapport d'activités 2022-2023

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