Développement d’un programme unique en immunothérapie du cancer au CHUM

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Le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et son centre de recherche débute les travaux visant à développer un nouveau traitement pour le cancer : l’immunothérapie par transfusion de cellules immunitaires anti-cancer. Il s’agit d’un traitement personnalisé et novateur dont les composantes thérapeutiques sont puisées à même les tumeurs des patients.

Pour ce faire, le CHUM vient de mettre en fonction une salle dédiée à la culture cellulaire pour des fins thérapeutiques, aussi appelée salle blanche, et d’y installer un appareil à la fine pointe de la technologie : un trieur de cellules à système fermé, le premier au Canada. Au coût de 500 000 $, cet appareil de la compagnie allemande Miltenyi Biotec a été acquis grâce à un don de l’Institut du cancer de Montréal.

Il n’y a qu’une vingtaine de ces appareils dans le monde. Le système fermé permet de conserver la stérilité des cellules et ainsi d’assurer la sécurité des patients qui recevront la transfusion. Le principe du trieur repose sur la « coloration » des cellules anti-cancer à l’aide de molécules fluorescentes. Lorsque l’instrument détecte la fluorescence, une valve s’ouvre pour ne laisser passer que ces cellules vers un autre compartiment. Cette valve, contrôlée par une micropuce, peut s’ouvrir 30 000 fois par seconde, ce qui en fait un instrument unique sur le marché.

Une nouvelle génération de thérapie cellulaire anti-cancer

Les tumeurs contiennent des cellules immunitaires appelées lymphocytes T qui sont capables de combattre les cellules cancéreuses jusqu’à un certain point, mais qui finissent généralement par perdre la bataille. Au début des années 2000, à partir des tumeurs des patients, on a trouvé comment multiplier les lymphocytes T en incubateur. La transfusion de ces lymphocytes T aux patients a donné des résultats encourageants chez les personnes atteintes du cancer de la peau.

« Nous voulons maintenant améliorer l’efficacité et simplifier cette immunothérapie pour traiter le cancer de la peau et d’autres types de cancers. Plutôt que de donner aux patients sans discernement tous les lymphocytes T qui infiltrent leurs tumeurs ou de miser sur des techniques laborieuses et approximatives de sélection de lymphocytes T, le trieur cellulaire nous permet aujourd’hui de sélectionner dès le départ les lymphocytes T les plus combatifs et de raccourcir le temps de production d’une transfusion enrichie en « soldats anti-cancéreux », explique le Dr Simon Turcotte, chirurgien et chercheur au CHUM et membre de l’Institut du cancer de Montréal.

Le produit cellulaire final qui sera injecté au patient du CHUM sera préparé au Centre d’excellence en thérapie cellulaire de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont du CIUSSS de l’Est-de-l’île-de-Montréal.

« En un mot, une partie de la solution se trouve déjà dans les tumeurs des patients et nous faisons à l’extérieur du corps, d’une manière beaucoup plus précise qu’avant, une activation immunitaire anti-cancer qui ne peut avoir lieu à l’intérieur du corps », poursuit Dr Turcotte.

Besoins majeurs pour les patients qui ne répondent plus aux traitements standards

« Je vois des dizaines de patients par année qui ne répondent plus aux traitements standards et qui cherchent des alternatives valables, nous informe Dre Rahima Jamal, hémato-oncologue spécialisée en recherche clinique et en cancer de la peau au CHUM. Ces dernières années, j’ai référé plusieurs patients à des équipes de recherche à l’extérieur du Québec qui étudiaient le transfert de lymphocytes T anti-tumoraux. Les patients qui pouvaient bénéficier de ce traitement étaient sélectionnés à partir de critères très précis car ce traitement ne s’applique malheureusement pas à tous. Certains patients ont vécu plus longtemps ou sont encore vivants en partie grâce à cette approche. Nous voulons maintenant développer une nouvelle génération de ce type d’immunothérapie, afin d'en accroître le succès pour les patients. »

« Ayant un mélanome de stade IV depuis 2013 et après avoir épuisé tous les traitements standards, j’ai participé à un projet de recherche à Toronto en 2015. Sans guérir complètement ma maladie, la thérapie cellulaire à partir de mes propres lymphocytes T (TIL) aura permis à mon organisme d'être plus réceptif à une autre forme d'immunothérapie. Elle a ainsi contribuée jusqu’ici à stabiliser la maladie ce qui me permet de mener une vie plus normale. Voir se développer un traitement d’immunothérapie éventuellement plus performant ici au CHUM est encourageant et un pas en avant dans la lutte contre le cancer », estime Frédéric Tremblay, un patient de 38 ans.

Pôle de l’immunothérapie des cancers solides

Pour Réjean Lapointe Ph. D., responsable de l’axe Cancer au Centre de recherche du CHUM et directeur scientifique de l’Institut du cancer de Montréal, la mise en place de la salle de culture cellulaire clinique à même le bloc opératoire et l’acquisition d’équipements de pointe démontrent le rôle important qu’entend jouer le CHUM en immunothérapie : « Nous sommes les premiers au Canada à développer un traitement en utilisant un trieur cellulaire à système fermé pour sélectionner des lymphocytes T. Déjà, sans sélection, d’autres groupes au Canada, États-Unis et en Europe ont obtenu des résultats encourageants. Nous planifions d’offrir notre version innovante de ce traitement sous forme d’étude pilote d’ici deux ans pour les patients atteints du cancer de la peau ne répondant plus aux traitements standards, pour ensuite le développer à plus grande échelle pour d’autres formes de cancers solides, c’est-à-dire les cancers dont les tumeurs sont présentes dans les tissus et organes du corps humain. »

« L’immunothérapie révolutionne actuellement la manière dont on traite le cancer et l’Institut du cancer contribue au développement d’une équipe de cinq, bientôt six chercheurs spécialisés dans ce domaine, précise Michelle Brisebois, directrice générale de l’Institut du cancer de Montréal. Il est important pour nous de les soutenir et de leur offrir des équipements à la fine pointe de la technologie. »

« Grâce à la contribution financière de l’Institut du cancer de Montréal, à l’expertise des chercheurs et des professionnels de la santé du CHUM, nous sommes fiers de développer cette thérapie novatrice et prometteuse. Ces travaux de recherche, qui seront transposables directement aux patients, cadrent tout à fait dans notre mission et sont menés en collaboration avec les autres acteurs du réseau de la santé et de la recherche au Québec », conclut Vincent Poitout, directeur du Centre de recherche du CHUM.

 

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