Dans une série diffusée le 23 octobre, la prestigieuse revue scientifique, The Lancet, en appelle, par le biais d’experts internationaux dont fait partie la Dre Julie Bruneau, à une nouvelle approche internationale face à la consommation de drogues.
Pour faire face aux défis croissants posés à la santé mondiale par la consommation de drogues, les scientifiques demandent aux décideurs politiques mondiaux de mettre en place des politiques et des traitements fondés sur des données scientifiques probantes et non sur des jugements moraux.
Selon les auteurs, ces politiques devraient s’adapter plus rapidement et répondre plus humainement et efficacement aux nouvelles drogues, à leur disponibilité et à leurs modes de consommation en perpétuelle mutation. Ils réclament aussi plus de fonds pour la recherche afin d’améliorer les traitements.
La série de cinq articles, portant sur les opioïdes, les stimulants, le cannabis et les nouvelles drogues psychoactives, sera également présentée le 24 octobre lors de la réunion Lisbon Addictions à Lisbonne au Portugal.
Des avenues pour aider les personnes vulnérables
Dans l’article portant sur les opioïdes, la Dre Bruneau, chercheuse au CRCHUM et directrice du pôle Québec – Atlantique de l’Initiative canadienne de recherche sur l’abus de substances (ICRAS), et ses collègues rappellent qu’environ 40,5 millions de personnes étaient dépendantes aux opioïdes en 2017 et que 109 500 personnes sont décédées des suites d’une surdose. Ils estiment qu’une offre accrue de traitement par agonistes opioïdes pourrait aider à éviter environ 8 à 26 % des décès entre 2020 et 2040 par rapport à l’absence de traitement.
« Au Canada, où la prescription d’opioïdes est l’une des plus élevées au monde, une stratégie cohérente s’est graduellement mise en place au cours des dernières années. Une amélioration a été réalisée en particulier en regard des règlements concernant l’accès aux traitements. Mais la stigmatisation à l’égard des personnes aux prises avec une dépendance demeure un frein important à l’accès à des services basés sur les données probantes. Nous avons les connaissances et les moyens de faire encore davantage pour aider ces personnes vulnérables », a indiqué la Dre Julie Bruneau, également professeure à l'Université de Montréal, dont la contribution essentielle à ce rapport a été soutenue par l’ICRAS.
Le rapport du Lancet est publié alors que la crise des opioïdes se poursuit, que la légalisation du cannabis se développe, que les problèmes de stimulants dans le monde augmentent et que le nombre de nouvelles substances psychoactives (NPS) identifiées continue à s’accroitre. Il passe en revue les preuves globales sur ces quatre types de drogues — analyse des modes de consommation, des dommages connexes et des interventions, et estimation des avantages du traitement par agonistes opioïdes et de l’impact croissant de l’utilisation de stimulants sur la santé.
En 2017, environ 271 millions de personnes âgées de 15 à 64 ans (5,5 % de la population) avaient consommé de la drogue l’année précédente. Sur la même période, entre 35 et 72 millions de personnes ont eu des troubles liés à l’usage de drogues dans le monde.
La Dre Julie Bruneau, une des coauteures de The Lancet Series on Drug Use
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