Une équipe franco-québécoise identifie le gène responsable d’une forme inusitée du syndrome de Cushing
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Des scientifiques montréalais et parisiens ont découvert les causes moléculaires derrière une forme particulière du syndrome de Cushing induite par l’alimentation. Cette maladie rare touche les glandes surrénales.
Dans leur étude publiée dans The Lancet Diabetes & Endocrinology, l’équipe de recherche de la Dre Isabelle Bourdeau du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM), alliée à celle du Dr Peter Kamenicky de l’hôpital de Bicêtre (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, France), a identifié dans le gène KDM1A les mutations responsables du développement de cette forme du syndrome de Cushing. Les scientifiques montrent aussi, pour la première fois, la transmission génétique de la maladie.
Le syndrome de Cushing est causé par une surproduction de cortisol, une hormone stéroïde, par les deux glandes surrénales situées au-dessus des reins.
« L’exposition des tissus du corps humain à cet excès de cortisol a des conséquences importantes chez les personnes atteintes : prise de poids, hypertension artérielle, dépression, diabète, ostéoporose ou complications cardiaques par exemple », dit la Dre Bourdeau, chercheuse au CRCHUM et copremière auteure de l’étude avec la Dre Fanny Chasseloup, sa collègue de l’équipe française.
Cette découverte survient presque 30 ans après la première description de cette maladie en 1992 par le groupe de recherche du Dr André Lacroix du CRCHUM et de ses collègues, les Drs Johanne Tremblay et Pavel Hamet.
La forme de la maladie, étudiée ici par les scientifiques, est causée spécifiquement par l’expression anormale des récepteurs d’une hormone, nommée GIP (pour glucose-dependent insulinotropic peptide), dans les deux glandes surrénales des patients. Cette hormone est produite par l’intestin grêle en réponse à l’ingestion d’aliments. Chez les personnes touchées, les concentrations de cortisol augmentent anormalement après chaque prise alimentaire.
La découverte franco-québécoise du mécanisme génétique en jeu a été rendue possible grâce à l’utilisation de récentes techniques génétiques de pointe sur des tissus de patients, dont certains ont été investigués par le Dr Lacroix au CHUM. La Dre Bourdeau a pu compter sur le soutien de Martine Tétreault, chercheuse du CRCHUM, lors des analyses informatiques liées au projet de recherche.
Un diagnostic plus précoce grâce à l’analyse génétique
« Les maladies rares sont en général sous-diagnostiquées en clinique. En identifiant ce nouveau gène, nous avons aujourd’hui les moyens de diagnostiquer plus tôt nos patients et leurs familles et ainsi offrir une médecine plus personnalisée. Au CHUM, l’analyse génétique est déjà proposée dans notre service de médecine génique », précise la Dre Bourdeau, professeure à l’Université de Montréal et directrice médicale de l’équipe interdisciplinaire des tumeurs des glandes surrénales du CHUM.
Au travers d’une remarquable coopération scientifique, les équipes québécoise et française ont pu collecter et étudier des spécimens de tissus disponibles dans des biobanques locales et internationales (Canada, France, Italie, Grèce, Belgique et Pays-Bas).
Les échantillons de sang et de tissus surrénaliens de 17 patients — en majorité des femmes — diagnostiqués avec la forme du syndrome de Cushing régulée par l’hormone GIP ont ainsi pu être comparés génétiquement à ceux de 29 autres atteints d’une forme non régulée par la GIP.
Ce véritable tour de force, compte tenu de la rareté de la maladie dans la population, leur a permis d’identifier les mutations génétiques du gène KDM1A et d’établir la transmission génétique de la maladie.
Depuis 2009, le CHUM est désigné comme centre quaternaire en tumeurs surrénaliennes du Programme de lutte contre le cancer du Québec.
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À propos de l’étude
L’article « Loss of KDM1A in GIP-dependent primary bilateral macronodular adrenal hyperplasia with Cushing’s syndrome: a multicenter retrospective cohort study » par les Dres Fanny Chasseloup et Isabelle Bourdeau, ainsi que leurs collègues a été publié le 13 octobre 2021 dans The Lancet Diabetes & Endocrinology. Le financement de l’étude a été assuré par l’Agence nationale de la recherche, la Fondation du Grand défi Pierre Lavoie, l’Institut national du cancer, le Fonds de recherche du Québec-Santé, l’INSERM et l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris.
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