Une première nord-américaine au bloc opératoire du CHUM

L’équipe du Centre aortique du CHUM a de quoi être fière! Cet été, elle réalisait une opération endovasculaire sans contraste iodé sur un patient atteint d’un anévrisme de l'aorte. Une première en Amérique du Nord.

Le 9 juillet 2024, les Drs Philippe Charbonneau et Jean-François Blair, chirurgiens vasculaires, ont offert un traitement de la dernière chance à un patient du CHUM atteint d’un anévrisme de l’aorte, la plus grande artère du corps. Le duo témoigne aujourd’hui, nous transportant dans les coulisses de cette intervention innovante aux retombées significatives.

Une convalescence plus longue et ardue, sur les plans tant physique que psychologique : voilà le lot de la plupart des personnes à la santé fragile qui subissent une chirurgie ouverte pour le traitement d’un anévrisme de l’aorte. Avec son approche dite « endovasculaire », l’équipe du CHUM a évité au patient traité une intervention invasive et risquée pour lui. « Seules deux petites incisions ont été réalisées sur ses aines pour acheminer une prothèse jusqu’à son aorte et exclure l’anévrisme », explique le Dr Charbonneau. Les avantages de cette technique minutieuse sont nombreux. Parmi les plus significatifs : « Elle ne nécessite pas d’anesthésie générale et évite une incision abdominale. Plus encore, les pertes sanguines sont minimes et le retour à la vie normale se fait habituellement dès le lendemain, et parfois le jour même », souligne le Dr Blair.

La chirurgie endovasculaire pour le traitement de l’anévrisme de l’aorte est une intervention bien établie, ici au Québec. Le patient traité présentait cependant des problèmes de santé affectant de façon sévère ses reins. Dans une telle situation, il devient délicat d'employer des doses importantes d'iode, cet agent de contraste injecté dans le corps pour permettre aux spécialistes de visualiser l’aorte et les organes avoisinants durant la chirurgie. En guise d’alternative, l’équipe a opté pour le dioxyde de carbone (CO2) et un appareil de conception européenne. « L’avantage d’utiliser le CO2 comme produit de contraste pour une intervention chez les patients qui ont une insuffisance rénale sévère diminue à quasi nul le risque de subir des complications après l’opération, comme la dialyse, contrairement à l’iode », explique le Dr Blair.

Pour localiser précisément l’aorte et l’anévrisme, il faut produire des images détaillées grâce à un agent contrastant. Le dioxyde de carbone agit comme alternative à l’iode pour les personnes atteintes d’un problème de santé affectant les reins ou d’une allergie sévère.

Jamais auparavant une chirurgie endovasculaire de l’aorte n’avait été réalisée grâce à l'utilisation d'un injecteur à CO2, ici, en Amérique du Nord. Lorsque questionnés sur la plus grande fierté retirée de cette intervention sans précédent, les chirurgiens soulignent sans hésiter un instant le travail exemplaire de leur équipe interdisciplinaire, des anesthésistes aux inhalothérapeutes en passant par les technologues en radiologie et le personnel infirmier. Plus encore, ils insistent sur l’espoir qu’elle représente pour toutes les personnes souffrant d’un anévrisme complexe pour qui l’iode pourrait affecter le décours de l'hospitalisation. « Nous allons pouvoir traiter des patients que nous aurions, par le passé, jugé inopérables », conclut le Dr Charbonneau.