Sans intervention chirurgicale, diminution de 70% des AVC ou de la mortalité chez les patients avec des malformations artérioveineuses du cerveau

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Christian Stapf

Chez les personnes atteintes d’une malformation artérioveineuse du cerveau, une anomalie vasculaire congénitale, la fatalité a un nom : l’accident vasculaire cérébral. Pour éviter ce risque, les patients subissent parfois des interventions pour ôter la malformation. Mais, est-ce si bénéfique? Pas nécessairement. Selon un essai clinique international, co-dirigé par des chercheurs du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM), le traitement interventionnel — par neurochirurgie, neuroradiologie ou radiothérapie — pourrait être plus dangereux que la maladie elle-même.

Dans une étude publiée dans The Lancet Neurology, le Dr Christian Stapf, neurologue vasculaire au CHUM et co-auteur de l’article, et ses collègues démontrent que le risque de faire un AVC ou de mourir diminue de 68 % quand les médecins laissent la maladie suivre son cours naturel.

« Autrement dit, les patients ont au moins trois fois moins de risque de faire un AVC ou de mourir », a déclaré le Dr Stapf, chercheur au CRCHUM et professeur à l’Université de Montréal. « On se demandait ce qui était mieux pour le patient : enlever la malformation pour prévenir l’AVC ou vivre avec la malformation pendant quelques années? Les résultats de notre étude sont clairs : sur le long terme, une simple prise en charge médicale du patient est plus bénéfique pour lui que toute intervention. Voilà de quoi bousculer les idées reçues quant aux moyens de prévenir les AVC chez ces patients. »

Avant son arrivée au CHUM en 2005, le Dr Stapf œuvrait à l’hôpital Lariboisière (Paris, France). Il était déjà le co-chercheur principal de cette étude et responsable du volet européen.

Dans un second volet, l’étude a cherché à évaluer si une intervention chirurgicale précoce pourrait diminuer le risque de déficits neurologiques. « Après un suivi de cinq ans, on montre qu’il y a deux fois plus de patients avec un déficit invalidant après les interventions que sans les interventions », précise le Dr Stapf.

Une étude hors normes

Dans cet essai clinique international nommé ARUBA (acronyme pour A Randomized trial of Unruptured Brain AVMs), 226 participants adultes, d’un âge moyen de 44 ans, ont été recrutés entre 2007 et 2013 dans 39 centres hospitaliers situés dans neuf pays. Au sein de ce réseau collaboratif, le CHUM était le centre le plus actif en matière de recrutement au Canada. Il y avait deux autres centres en Ontario.

Ces patients volontaires, qui n’ont jamais fait d’AVC et dont la malformation a parfois été découverte de façon fortuite lors d’un suivi médical, ont été répartis dans deux groupes : le premier était destiné à une simple prise en charge médicale, tandis que le second recevait une prise en charge combinée à des thérapies invasives (par neurochirurgie, neuroradiologie interventionnelle ou radiothérapie). Ils ont été suivis pendant une période moyenne allant de 33 à 50 mois.

Sous la houlette du Dr Jean Raymond (neuroradiologue interventionnel), le CHUM a lancé en 2014 l’étude internationale TOBAS pour vérifier si les conclusions probantes de l’essai clinique ARUBA pourraient être valables aussi pour l’ensemble des patients ayant une malformation neurovasculaire, y compris les cas ayant déjà fait un AVC.

À ce jour, le programme de santé neurovasculaire du CHUM est le plus grand au Québec, et parmi les plus importants au Canada : plus de 800 patients victimes d’AVC y sont admis chaque année. Avec son Centre de référence des anomalies neurovasculaires rares (iCRANIUM), le CHUM offre également une clinique multidisciplinaire spécialisée et dédiée aux patients porteurs de plusieurs types de malformations vasculaires du cerveau.

Sans intervention chirurgicale, diminution de 70% des AVC ou de la mortalité chez les patients avec des malformations artérioveineuses du cerveau

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