SRAS-CoV-2 : présence de virus infectieux confirmée dans les aérosols

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Audray Fortin et Nathalie Grandvaux

Audray Fortin et Nathalie Grandvaux

Des équipes québécoises parviennent à isoler des particules infectieuses du virus à partir d’échantillons d’air prélevés dans des chambres d’hôpital de patients atteints de COVID-19, et conservés à l’état congelé pendant plus d’un an, selon une nouvelle étude.

Les travaux de recherche ont été menés par l’équipe de Nathalie Grandvaux, chercheuse au Centre de recherche du CHUM (CRCHUM) et professeure à l’Université de Montréal, en collaboration avec les équipes de Caroline Duchaine (Université Laval) et d’Yves Longtin (Université McGill).

Publiée dans la revue Clinical Microbiology and Infection, l’étude vient ainsi éclairer un champ scientifique peu exploré depuis le début de la pandémie : la transmission du virus par voie aérienne.

« Dans notre étude, nous démontrons au travers d’un modèle expérimental qu’il est possible d’isoler et de cultiver des virus infectieux à partir de prélèvements d’air, explique Nathalie Grandvaux. Et ce, même s’ils ont été échantillonnés il y a plus d’un an, congelés puis stockés avant leur mise en culture. »

Si l’admission de la transmission virale par voie aérienne a été lente du côté des autorités de santé publique, dont l’Organisation mondiale de la santé, c’est en partie dû au manque de données scientifiques démontrant la présence des particules virales infectieuses dans les aérosols.

« Ce sont des études difficiles à faire, car il faut préserver l’infectiosité du virus lors du prélèvement, avoir les bonnes techniques de mise en culture et avoir accès à un laboratoire de confinement 3 comme celui du CRCHUM. »

Une méthode unique

Audray Fortin, agente de recherche dans l’équipe de Nathalie Grandvaux, et première auteure de l’étude, a développé une méthode de mise en culture unique pour pouvoir amplifier les traces de virus collectés par Caroline Duchaine, une spécialiste canadienne des bioaérosols, et son équipe.

Un autre tour de force scientifique, puisque les échantillonneurs, des boîtes de collecte placées dans les chambres de personnes atteintes de la COVID-19, doivent pouvoir acclimater le virus en leur sein et le protéger pendant le stockage.

En tout, une trentaine d’échantillons ont ainsi été collectés dans 10 chambres différentes de patients atteints de la COVID-19, puis entreposés sous forme congelée dans une biobanque pendant 14 mois.

À partir des échantillons d’aérosols provenant d’une des chambres de patients, l’équipe scientifique a pu révéler la présence de particules virales capables de se répliquer.

« Grâce à notre méthode, il est désormais possible d’évaluer rétrospectivement la présence de SRAS-CoV-2 infectieux dans des échantillons prélevés au cours des différentes vagues de la pandémie », dit Nathalie Grandvaux. « Ces données nous permettront de mieux saisir l’importance de la transmission du virus par voie aérienne et de mettre en place des stratégies de prévention adaptées. »

Mieux se préparer à la prochaine pandémie

Ces apprentissages pourraient servir à se préparer à la prochaine pandémie, que ce soit de SRAS-CoV-2 ou d’un autre virus respiratoire.

« Nos travaux de recherche doivent renforcer la prise de conscience de la présence de virus infectieux dans l’air. Ils plaident pour l’importance de cibler la transmission par l’air dans les mesures de protection individuelle et collective, notamment par l’amélioration de la qualité de l’air intérieur. »

Quant à la méthode de collecte et de culture, elle pourrait être adaptée à d’autres environnements clos que les hôpitaux, comme des écoles par exemple, pour tester la qualité de l’air et évaluer l’efficacité des moyens de protection contre la transmission virale par voie aérienne.


À propos de l’étude

L’article « Detection of viable SARS-CoV-2 in retrospective analysis of aerosol samples collected from hospital rooms of patients with COVID-19 » par Audray Fortin et ses collègues a été publié en ligne le 22 mars 2022 dans la revue Clinical Microbiology and Infection. Le financement de l’étude a été assuré par le Fonds de Recherche du Québec-Santé et la Fondation du CHUM.



Rédaction : Bruno Geoffroy

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