Mois de l’histoire des Noirs : entendre les voix de la communauté

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Participants du panel 2

Damehan Tchelougou, Manuela Mbacfou Temgoua, Dr Edisond Florial, Mawussi Adjakly et Farrah Jean-Paul.

À l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs, le comité Équité, Diversité et Inclusion du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM) a proposé deux panels qui ont mis de l’avant la contribution des équipes de recherche à la santé des communautés noires, et les parcours de personnes issues de la communauté noire qui étudient et travaillent dans le milieu de la recherche.

Ces conférences ont permis d’ouvrir la discussion et la réflexion sur des thèmes comme la représentation et l’inclusion des personnes noires en recherche ou en clinique, ainsi que sur les actions et les approches qui peuvent être adoptées collectivement et individuellement pour améliorer le soutien à la réussite professionnelle et étudiante.

La santé des communautés noires à cœur

Animé par Mame-Kany Diop, professionnelle de recherche au CRCHUM, le premier panel, composé des Dres Dominique Trudel et Saima Hassan, du Dr Christian Stapf et de Geneviève Gagné, a dévoilé comment la santé des personnes et des communautés noires, une population sous-étudiée, a pris une place clé dans leurs recherches.

« On sait que l’accident vasculaire cérébral ou AVC est la première cause de handicap dans la population. Mais la biologie de l’AVC est différente entre les personnes noires et caucasiennes. S’intéresser à la santé des communautés noires est une prise de conscience scientifique », dit le Dr Stapf, neurologue vasculaire au CHUM et chercheur au CRCHUM.

« Dans la communauté noire, les patients sont plus jeunes, la fréquence de l’AVC est plus grande et les traitements sont différents. Adapter nos pratiques cliniques est essentiel. »

Des propos qui font écho à ceux de Geneviève Gagné, spécialiste de l’intervention précoce en psychose au CHUM : « Dans la population générale, le taux de psychose est de l’ordre de 3 %. Chez les communautés noires, c’est le double. Améliorer la qualité des soins et le suivi de ces personnes est indispensable. »

Quant à la Dre Hassan, elle rapporte également une plus haute fréquence de cancer du sein triple négatif chez les femmes noires. Une réalité qui lui fait dire que beaucoup de choses restent à étudier pour faire une différence dans la vie de ces personnes.

Concrètement, le Dr Stapf et la Dre Stéphanie Forté, chercheuse au CRCHUM et hématologue au CHUM, ont mis sur pied un programme clinique de l’AVC spécialisé pour les communautés noires. Au travers de ce programme, près de 500 personnes atteintes d’anémie falciforme seront recrutées pour participer à des projets de recherche spécifiques.

L’intérêt pour la santé des communautés noires de la Dre Dominique Trudel, chercheuse au CRCHUM et pathologiste au CHUM, la porte à mettre sur pied des collaborations avec la Guadeloupe et le Sénégal.

Avec des scientifiques de ces pays, elles espèrent notamment mieux définir dans les communautés noires le taux d’incidence du carcinome intracanalaire de la prostate, une variante agressive du cancer de la prostate.

Participants du panel 1

Geneviève Gagné, Dr Christian Stapf, Dre Dominique Trudel, Dre Saima Hassan, Mame-Kany Diop

Oser des carrières en recherche

Lors du second panel, quatre personnes issues de la communauté noire, étudiant ou travaillant dans le milieu de la recherche, sont venues mettre en lumière la diversité de leurs parcours et de leurs expériences.

Par leurs témoignages, ils espèrent inspirer les jeunes générations à se lancer dans le domaine de la recherche.

Le panel était animé par Farrah Jean-Paul, conseillère cadre en gestion des ressources humaines au CRCHUM.

« Dans la communauté, il y a encore beaucoup de méconnaissance et de scepticisme. Tout le monde côtoie des infirmières, des médecins, mais peu de chercheurs ou de chercheuses », rappelle Manuela Mbacfou Temgoua, coordonnatrice de recherche au CRCHUM (équipe de la Dre Julie Bruneau).

« Il subsiste une certaine méfiance par rapport à la recherche, qui a historiquement été détournée par des médecins blancs pour tester par exemple des médicaments sur des personnes noires sans leur consentement. »

Que ce soit Edisond Florial, médecin en résidence au CHUM, Mawussi Adjakly, infirmière clinicienne au CRCHUM (équipe de la Dre Julie Bruneau) ou Damehan Tchelougou, doctorant dans l’équipe du chercheur Francis Rodier, chaque panéliste a rencontré dans son parcours des personnes qui ont agi comme mentores et alliées et l’ont incité à persévérer.

À leur tour, les panélistes espèrent être une motivation pour les jeunes des communautés noires, et les invitent à oser, à avoir confiance en soi et à prendre leur place en science.

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