Réalités autochtones : décoloniser la recherche

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Conférencières

Julie Girard et Amélie Blanchet Garneau

Dans le cadre de la Semaine de la vérité et de la réconciliation, deux conférencières sont venues au Centre de recherche du CHUM le 25 septembre pour discuter des perspectives de la recherche par et pour les Autochtones en milieu urbain au Québec.

Cette conférence a permis de présenter à la cinquantaine de membres de la communauté de recherche du CHUM présents le Cadre de référence en recherche par et pour les Autochtones en milieu urbain au Québec rédigé par le Regroupement des centres d’amitié Autochtones du Québec.

Julie Girard, directrice de l’Observatoire des réalités autochtones urbaines au sein de ce regroupement, et Amélie Blanchet Garneau, professeure à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche autochtone en soins (IRSC) étaient réunies pour l’occasion.

Guider la recherche

C’est Julie Girard qui a ouvert la discussion en rappelant que la recherche, héritière d’une histoire coloniale, a souvent exploité les populations marginalisées, sujets d’étude, sans leur apporter de bénéfices équitables.

« La recherche a amené des blessures dans les communautés autochtones. De la méfiance aussi. Avec notre cadre de référence, nous voulons soutenir l’autodétermination autochtone et garantir un espace de recherche éthique. Nous ne voulons plus être invisibles », dit Julie Girard.

Pour favoriser des relations de confiance avec les milieux de la recherche, elle et son équipe ont co-construit avec des Aînés et des acteurs de la recherche un cadre de référence, un outil pour développer des partenariats de recherche autochtone en milieu urbain.

C’est non seulement une façon de décoloniser la recherche, mais aussi d’expérimenter pour les équipes scientifiques des façons différentes de faire de la recherche.

Un engagement qui fait écho aux propos tenus en avril dernier par Maria Stubbe, chercheuse en sciences sociales à l’Université d’Otago en Nouvelle-Zélande, lors de sa conférence au centre de recherche du CHUM. Elle y avait présenté les processus institutionnels mis en place pour s’assurer que la recherche réponde aux besoins des communautés maories par le biais du partenariat, de la participation et de la protection.

Elle avait alors déclaré : « S’engager dans la recherche pour et avec les communautés plutôt que dans la recherche sur les communautés ».

4 grands principes éthiques

Pour guider la recherche en milieu urbain, Julie Girard rappelle les principes à suivre :

  1. Reconnaissance : l’historique colonial propre au monde de la recherche doit être reconnu. De plus, les Autochtones doivent être au cœur des projets de recherche qui les concernent et leur contribution essentielle doit être reconnue.
  2. Réciprocité : Ce principe appuie la volonté des Autochtones de transformer la recherche non plus sur les Autochtones, mais par, pour et avec les Autochtones. Une recherche fondée sur la réciprocité vise une collaboration continue sur des bases égalitaires.
  3. Agentivité : L’agentivité, ou le pouvoir d’agir, fait partie des principes essentiels du mouvement de lutte des peuples autochtones vers l’autonomie et le mieux-être communautaire. Dans le contexte de la recherche par et pour les Autochtones en milieu urbain, ce principe favorise entre autres l’émergence d’une relève de chercheurs autochtones.
  4. Pertinence : La recherche se doit d’être pertinente et bénéfique pour les communautés et les organisations autochtones urbaines

Des principes qu’elle a pu mettre en pratique avec Amélie Blanchet Garneau au travers d’un partenariat de recherche s’appuyant sur un des thèmes prioritaires de recherche : santé et mieux-être.

Financées à hauteur de 500 000 $ par Inven_T, une initiative de l’Université de Montréal, les deux femmes et leurs équipes ont pour objectif de promouvoir des pratiques novatrices qui assureront des soins de santé équitables pour et par les Autochtones en milieu urbain.

Un projet d’actualité, puisqu’aujourd’hui, les Inuit et Premières Nations, qui vivent en milieu urbain, représentent plus de 60 % de la population autochtone du Québec. Ces personnes sont souvent aux prises avec les effets de la discrimination systémique dans les soins de santé.

 

Cet événement a été proposé par le comité Équité, diversité et inclusion du Centre de recherche du CHUM

 

Julie Girard et Amélie Blanchet Garneau

Julie Girard et Amélie Blanchet Garneau

Réalités autochtones : décoloniser la recherche