Près de 3 000 Canadiens vivent avec la sclérose latérale amyotrophique ou SLA. Chaque année, près de 1 000 personnes en reçoivent un diagnostic et autant en décéderont. Des statistiques que Christine Vande Velde et la Dre Geneviève Matte, deux scientifiques du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM), souhaitent déjouer à coups de projets de recherche fondamentale et clinique. Tour d’horizon de leurs travaux en ce mois de sensibilisation à la SLA.
Aussi connue sous le nom de maladie de Lou Gehrig ou de Charcot, la SLA est une maladie neurodégénérative incurable, caractérisée par la perte sélective de motoneurones. Ces cellules nerveuses servent de câblage interne. Ils nous permettent de bouger notre corps à notre guise en permettant la transmission de signaux aux muscles pour qu’ils se contractent.
Chez les personnes atteintes de la SLA, les motoneurones se détériorent graduellement. Elles perdent alors leurs capacités musculaires jusqu’à la paralysie complète, l’espérance de vie n’étant en moyenne que de 3 à 5 ans après le diagnostic. Concrètement, une personne vivant avec cette maladie rare perd la capacité de marcher, de parler, de manger, d’avaler et, ultimement, de respirer.
Des mécanismes complexes
« Dans notre laboratoire, nous essayons de comprendre ce qui ne va pas avec les motoneurones d’un point de vue des mécanismes moléculaires. Il y a deux raisons à cela : identifier des mécanismes que nous pourrons cibler avec une thérapie, et trouver des biomarqueurs pour suivre l’évolution de la maladie et prédire si elle va progresser rapidement ou lentement », explique Christine Vande Velde, professeure au département de neurosciences de l’Université de Montréal et co-présidente du comité consultatif scientifique et médical de SLA Canada.
Au cours des deux dernières années, son équipe a observé, chez les personnes atteintes de la SLA, qu’une protéine, la TDP-43, est moins présente dans le noyau des motoneurones. Dans ce cas, le taux d’une autre protéine nommée G3BP1 diminue et influe directement sur la formation des granules de stress.
Dans les cellules saines, les granules de stress sont des structures de protection qui empêchent que l’acide ribonucléique ou ARN soit endommagé par le stress environnemental, comme la chaleur ou la pollution. Si le niveau de la protéine G3BP1, essentielle à leur bonne formation diminue, les motoneurones sont plus susceptibles d’être endommagés.
À l’heure actuelle, Christine Vande Velde collabore avec le chercheur du CRCHUM, Alex Parker, qui a mis à sa disposition des modèles de C. elegans représentatifs de la SLA, et une entreprise de Colombie-Britannique pour tester de petites molécules sur ces mécanismes moléculaires et voir s’ils peuvent être stoppés.
La recherche fondamentale à l’unisson de la clinique
Environ 100 patients sont suivis annuellement au CHUM et peuvent accéder, s’ils se qualifient, à l’un des essais cliniques menés au CRCHUM, notamment à l’Unité d’innovations thérapeutiques. Là, les patients en échec thérapeutique se voient offrir des
options de traitements les plus avancées en neurologie, notamment des médicaments administrés pour la première fois chez l’humain.
« Il y a près d’un an et demi, j’ai pu démarrer un programme d’autopsie. Cela nous permet de recueillir et stocker des échantillons de tissus de patients de grande qualité. L’équipe de mon collègue, le Dr Alexandre Prat, nous aide dans cette initiative. Nous avons même eu quelques patients qui ont donné leurs cerveaux », dit la Dre Geneviève Matte, directrice de la clinique SLA du CHUM et présidente du Réseau canadien de recherche sur la SLA.
Cette biobanque est cruciale pour les avancées de travaux de Christine Vande Velde, car cela lui permet de valider sur les tissus des patients les mécanismes découverts en laboratoire.
« Je crois que nous sommes parvenus à assurer une bonne cohésion entre le laboratoire et la clinique. » Une complémentarité entre les deux chercheuses qui se révèle notamment sur le terrain de leurs recherches en cours.
L’environnement et le financement dans le viseur
Grâce à une récente subvention des Instituts de recherche en santé du Canada, l’équipe de Christine Vande Velde s’intéresse à la façon dont les motoneurones sont impactés par le stress environnemental. De son côté, la Dre Matte s’intéresse aux liens entre l’exposition au cuivre et le développement de la SLA, en collaboration avec Susan Gaskin, chercheuse à l’Université McGill. Avec Alex Parker, elle met aussi sur pied un essai clinique pour un composé qui démontre des effets bénéfiques sur un modèle animal de SLA.
Au quotidien, « faire avancer les connaissances et donner de l’espoir à nos patients nous motive. Mais cela demande plus que de la passion! Le financement de la recherche fondamentale et clinique est le nerf de la guerre. Malheureusement, nous en manquons cruellement. », rappelle la Dre Matte.
Vous souhaitez soutenir leurs recherches? Faites un don à la Fondation du CHUM en précisant que vous souhaitez qu’il soit utilisé pour faire avancer des projets de recherche sur la SLA.
À propos des travaux de recherche
Le financement a été assuré par les Instituts de recherche en santé du Canada, ALS Society of Canada, Brain Canada, ALS Association (États-Unis), Target ALS/Frontotemporal Degeneration Association (États-Unis).