Cet article est extrait du CHUMagazine - Santé et environnement.
Il est anesthésiste. Elle, conseillère cadre en inhalothérapie et en anesthésiologie. Tous les deux inspirent par le dévouement qu’ils portent au chevet des patients et des patientes, mais aussi celui de la planète. Discussion avec le Dr Stephan Williams et Marie‑Claude Bernier, ce duo engagé pour un système de santé amélioré.
La crise climatique causée par les émissions de gaz à effet de serre menace la santé humaine. C’est pour arrêter de créer les malades de demain avec les soins d’aujourd’hui que le CHUM vise la carboneutralité. Engagés dans cette mission, ce n’est pas sur les bancs d’école que le Dr Williams et Marie‑Claude ont appris à lutter contre la crise climatique. « On fait partie de la première génération de cliniciens et de cliniciennes à devoir décarboner notre pratique. » Ensemble, tous les deux s’enquièrent des meilleures pratiques et pavent la voie à d’importants changements pour réduire l’empreinte carbone de l’hôpital. À commencer par leur propre terrain de jeu : le bloc opératoire.
À bas les déchets!
Chapeaux chirurgicaux, courroies pour les bras, manchons de compression… Le matériel à usage unique perd graduellement du terrain dans les réserves du bloc opératoire. Ici, le Dr Williams, Marie‑Claude et leurs alliés du comité de résilience, un groupe de spécialistes en anesthésie engagés pour la carboneutralité, s’efforcent de renverser la tendance, au nom du réutilisable et de l’amélioration de la qualité des soins. L’ambition de l’équipe à réduire la production de déchets est telle que les fournisseurs du domaine de la santé doivent se réinventer pour suivre son rythme et pallier le manque d’options écoresponsables qui existent sur le marché.
La conseillère cadre cite en exemple le virage adopté pour les plateaux utilisés pour l’anesthésie neuraxiale : « Ces plateaux nous étaient fournis tout emballés avec beaucoup de matériel dont nous n’avions pas besoin. Nous avons travaillé avec un fournisseur pour en introduire de nouveaux, plus sobres et mieux adaptés à nos besoins. Cette initiative permet à elle seule une réduction de 1 300 kg de déchets et des économies de plus de 80 000 $ par année. » « Et ce, sans compromis pour la qualité des soins! », ajoute le Dr Williams. Comme quoi c’est payant de sauver la planète!
S’attaquer à l’invisible
Autre champ d’action : la réduction des gaz à effet de serre (GES). « C’est avec raison qu’on se préoccupe des déchets solides et liquides, mais il faut aussi s’attaquer à l’invisible », insiste le Dr Williams. Dans les blocs opératoires de la province, deux gaz utilisés à des fins d’anesthésie coûtent particulièrement cher à l’environnement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le desflurane est 2 500 fois pire que le CO2 pour réchauffer la planète. Le protoxyde d’azote, quant à lui, fait partie des trois principaux gaz à effet de serre responsables de la crise climatique.
« Il est possible de pratiquer l’anesthésie de façon égale ou meilleure, sans utiliser ces gaz très polluants », assure le Dr Williams. Entre nos murs, leur utilisation a considérablement diminué. En mettant de l’avant des options moins polluantes, mais toutes aussi efficaces, comme l’anesthésie au propofol, un médicament intraveineux, l’équipe du bloc opératoire a évité bien du dommage à l’environnement, et permis de réduire la facture en médicaments d’anesthésie du CHUM de plus d’un million de dollars depuis 2018.
« Il est possible de pratiquer l’anesthésie de façon égale ou meilleure, sans utiliser ces gaz très polluants. »
— Dr Stephan Williams, anesthésiste
L’appel du devoir
Quantifier les émissions de GES du CHUM, tester des technologies de décarbonation, publier des rapports pour étoffer la recherche, etc. : c’est aussi là qu’agit le duo. Au nom d’un système de santé plus écologique, il mène également un grand travail de conscientisation. « Il faut arrêter de faire du tort avec nos soins aux patientes et aux patients. » Cet important message, Marie‑Claude et le Dr Williams le portent outre les murs du bloc opératoire.
Au sein du Conseil multidisciplinaire du CHUM, la conseillère cadre vient de mettre sur pied un comité de développement durable. L’objectif : éveiller les esprits et susciter l’engagement chez une diversité de professionnelles et professionnels du CHUM. Le Dr Williams, quant à lui, contribue à la grandeur du réseau en assurant la présidence du Comité carboneutralité de l’Association des anesthésiologistes du Québec et en multipliant les conférences. Pour eux, comme elle devrait l’être pour nous toutes et tous, la lutte aux changements climatiques n’a rien d’une passion… c’est un devoir envers les patientes et les patients d’aujourd’hui et des générations futures!
« La décarbonation des soins donne un sens plus grand à mon travail! »
— Marie‑Claude Bernier, conseillère cadre en inhalothérapie et en anesthésiologie
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