Chef du département de radio-oncologie depuis 2020, la Dre Cynthia Ménard s’inspire de mentors qu’elle a rencontrés plus tôt dans son parcours au National Institute of Health et à l’Hôpital Princess Margaret de Toronto afin de transmettre sa passion pour la radio-oncologie et son sens de l’engagement envers les patientes et les patients dans le but d’élever les pratiques. « J’aspire à changer les choses en repoussant les limites. Le statu quo n’est pas suffisant, parce qu’il y a toujours moyen de faire mieux! »
Cette philosophie l’a toujours accompagnée dans ses travaux de recherche depuis qu’elle s’est jointe au CRCHUM en 2015. Et son désir d’innover a porté ses fruits, puisque la dernière année a été jalonnée de succès pour son laboratoire.
Une étape réussie
D’abord, l’équipe de la Dre Ménard et ses partenaires ont obtenu des résultats porteurs pour son essai contrôlé randomisé de phase 2 entamé en 2018, qui visait à évaluer l’effet de l’intensification de la radiothérapie guidée par un radiotraceur et la tomographie par émission de positons (TEP) sur l’état des patients atteints d’un cancer de la prostate.
« On se rendait compte que le cancer était parfois plus important que le laissait deviner l’imagerie traditionnelle. Nous voulions donc démontrer qu’améliorer la qualité de la radiothérapie avec un outil d’imagerie plus performant permet de mieux définir l’étendue du cancer et, par conséquent, d’intensifier la radiothérapie pour améliorer l’état des patients »
— Dre Cynthia Ménard
Les conclusions prometteuses, publiées dans l’International Journal of Radiation Oncology*Biology*Physics en juillet 2023, indiquent que les patients ont bénéficié de cette approche sur les plans de la toxicité et de l’intensification de la maladie. Les derniers résultats ont été présentés au congrès de l’European Association of Urology.
Vers une révolution des soins
Cet essai de phase 2 a permis à la Dre Ménard de décrocher en 2020 un financement de 3 M$ de la Société canadienne du cancer et de la Fondation Movember pour la réalisation d’un essai clinique national de phase 3. Le recrutement de 800 patients provenant de 19 établissements de santé au Canada s’est terminé en janvier dernier, au terme de trois ans d’efforts.
Cette étude de grande envergure permettra de confirmer si la nouvelle approche thérapeutique est supérieure aux protocoles médicaux actuels et d’évaluer si les avantages du traitement surpassent les effets secondaires éventuels. Elle fournira également des données précieuses pour déterminer si la qualité de vie des patients s’améliore à long terme.
« C’est une étude d’ampleur jamais vue sur ce sujet qui permettra aux hôpitaux du monde entier d’adapter leurs traitements », souligne la Dre Ménard.
L’interdisciplinarité au service de l’innovation
Des études d’une telle portée ne se font évidemment pas en vase clos; elles impliquent la synergie de plusieurs collaborateurs, en particulier les unités de recherche en radiothérapie, en médecine nucléarie, en urologie et en oncologie, en plus des nombreux partenaires dans les centres universitaires.
Petite anecdote : lorsque le CRCHUM a déménagé dans ses nouveaux locaux en 2014, la Dre Cynthia Ménard s’était vu attribuer un bureau à côté de celui d’un radiochimiste, Jean Dasilva, passionné par le développement de traceurs pour l’imagerie TEP. Le hasard les a amenés à collaborer pour mettre au point un traceur, dont elle s’est servie dans ses travaux de recherche en radio-oncologie.
« Le but de l’axe Imagerie et ingénierie est de mettre en contact des chercheurs aux champs d’expertise complémentaires, même s’ils viennent de domaines différents, pour qu’ils puissent collaborer sur des projets, et c’est ce qui est arrivé », relate-t-elle. Ce nouveau traceur fut certainement un catalyseur pour ses recherches subséquentes!